vendredi 7 mars 2014

Dans ce blog, je retracerai rapidement et succinctement mon expérience solidaire au Bénin, un pays d’Afrique de l’Ouest. 
Puisqu’il serait trop long de raconter la totalité de ce voyage, et même de mon temps passé dans le village d’Avlo, au sud du pays, je rendrai compte des principaux éléments marquants que j’ai vécu dans ce merveilleux petit village, au fin fond de la campagne africaine… 
Après avoir survolé la France, l’Espagne, la mer et l’Afrique. Survoler pour la première fois. Après l’interminable  attente à Casablanca à dormir sur deux sièges dans l’aéroport, à regarder dehors cet autre monde qui se dessinait.
Le voyage a commencé. Il n’y a rien de plus important que la connaissance, et la connaissance c’est le voyage. C’est comprendre le monde à travers lui-même, en le rencontrant.


"Yovo ! Yovo !"




« Yovo » signifie le blanc, ou la blanche. C’est ainsi que nous appelle tous les béninois, les enfants compris. Il ne s’agit pas du tout d’un terme péjoratif, c’est simplement une manière amical de nous saluer. Nous entendons alors au loin les enfants crier « yovo ! Bonsoir ! », bien souvent, car notre peau blanche se repère facilement. Bonsoir, au Bénin se dit à partir de midi et la manière la plus courante de se saluer est le serrage de main, entre femmes également. 

L’idée de vivre une semaine dans un petit village sans eau courante ni électricité, au cœur de l’Afrique, au plus près des habitants, dans les villages les plus primaires me rendait impatiente. Je me disais que l’expérience pure et dure était là, j’allais la vivre. Un village à peine accessible puisque la route s’arrête 5kilomètres avant (mais accessible en 4x4, moto ou pirogue), au bord de l’océan, sous les cocotiers. J’ai partagé énormément avec les habitants, les pêcheurs, les femmes et les enfants. Jouer aux cartes avec le chef du village, rire avec les femmes qui essayaient de nous apprendre leur langue, sourire avec les enfants qui nous demandaient inlassablement de les prendre en photo. C’est difficile de faire la liste de ce que j’ai vu et vécu à Avlo, en résumé ; j’ai vécu. Il ne m’a pas fallu plus de deux minutes pour accepter la façon avec laquelle j’allais devoir vivre, et il ne m’a pas fallu plus de cinq minutes pour me dire que j’allais l’apprécier. La douche à la bassine et au seau, la lampe torche, les toilettes dehors. C’est ainsi, je vais m’assoir sur le confort que la France nous procure en masse, et j’en suis bien heureuse.

La gentillesse des gens me surprend. Ils veulent nous connaître autant que nous et apprécient le fait que nous nous intéressions à eux. Ce que l’on peut entendre sur certain pays africains se confirme ; ces gens seraient prêts à tout offrir, alors qu’ils ne possèdent rien.

Des artisans, des pêcheurs... Les métiers typiques de la campagne africaine






Comprendre les habitants de ce village, vivre au plus près d’eux ; c’est tenter de parler leur langue, c’est connaitre leurs traditions, c’est manger ce qu’ils mangent, mais c’est aussi les laisser nous faire découvrir leur métier.

Après 2 jours à Avlo, pendant lesquels le temps nous a été donné de rencontrer le chef du village, les guides, les cuisinières, ainsi qu’une partie des habitants du village ; l’envie de s’imprégner complétement de leur mode de vie me démange. Le circuit « cultures et traditions d’Avlo-Houta » a été conçu spécialement pour parcourir le village et rencontrer les habitants et artisans et leurs activités quotidiennes. Ce guide nous fait découvrir les traditions vaudou avec les fétiches, les artisans du village qui confectionnent des nattes, des éventails, de l’huile de coco, et d’autres produits, ou encore les différents lieux importants et leur histoire, comme l’école ou la forêt sacrée. C’est impressionnant de voir ces personnes en action, le sourire aux lèvres, fiers de nous montrer leur talent. Tellement fiers d’ailleurs que les femmes s’occupant du séchage de poissons fraichement rapportés du matin par les hommes pêcheurs, nous offraient quelques petites sardines à grignoter pendant qu’elles nous montraient et nous expliquaient leur métier. Nous avons donc droit à des démonstrations de toutes sortes, et une invitation des artisans à participer à chacune de ces spécialités. Il faut également savoir que dans les petits villages reculés comme Avlo, l’activité principale qui génère des revenus est la pêche. Il s’agit du métier qu’exercent tous les hommes du village, ainsi que certaines femmes. Les poissons sont ensuite séchés, grillés et emmenés au marché par les femmes pour être vendus. La pêche est l’activité la plus impressionnante. On peut observer presque tous les matins, les hommes prendre la mer en pirogue, affrontant les vagues qui ne sont pas toujours faciles à passer, et parfois même dangereuses. Lorsqu’ils reviennent, après avoir déposé les filets en mer, les hommes tirent les filets depuis la terre. Une corde est donc tendue et accrochée à un cocotier, ces cordes font aux alentours d’un kilomètre de long. Des dizaines d’hommes et de femmes tirent ces cordes en rythme et même en chanson, jusqu’à ramener les filets sur la plage. C’est amusant de participer à cela, et de ce fait on se rend compte de la difficulté quotidienne des métiers de la campagne africaine.

Quand la vue s'humidifie tant elle est belle





Ce n’est pas au sud du Bénin que vous verrez les paysages typiquement africains que l’on connait. Cependant vous y retrouverez ce magnifique soleil orange à son couché, descendant doucement derrière les centaines d’immenses cocotiers au bord de l’océan et tant d’autres panoramas. 

C’est une image qui m’a marqué, je me baladais sur la grande plage en fin d’après-midi, et la nuit tombe vite et tôt au Bénin. Le cocotier est l’arbre le plus fréquent dans le sud du pays, et il y en a particulièrement beaucoup près du littoral. Vers 18h30, le soleil est déjà bien bas, et s’il y a un petit regret à avoir c’est qu’il ne se couche pas sur l’océan, mais ce n’est pas grand-chose puisque nous avons tout de même droit à ce spectacle magnifique qu’est de le voir énorme, flamboyant, presque rouge, dessinant les contours des cocotiers en descendant, qu’il abandonne finalement dans l’obscurité. Les petits villages comme Avlo sont les plus incroyables en ce qui concerne les paysages, car ils sont encore authentiques. La nature n’est pas touchée par l’homme, elle est telle qu’elle depuis le début. Avlo étant un village tellement reculé, qu’il n’a jamais vu une seule forme de tourisme avant notre arrivée, c’est pourquoi je l’appelle la campagne africaine. Car il s’agit de ces lieux simplement magnifiques, débordant de nature et vierge de passage humain. Aucuns travaux n’ont été effectués, les seuls arbres abattus ont servis à construire des maisons, des paillotes, des tables… Les plages sont naturelles et d’un sable orangé, et entourées de cocotiers, de brousse, de champs verts éclatants parsemés de plantes rouges et oranges et de petits étangs. Les alentours du village sont vides, laissant place aux champs des oiseaux encore présents puisqu’ils ne sont pas dérangés, eux aussi plein de couleurs. Ce petit village sur le sable, parsemé de cocotiers et de brousse, au bord de l’océan, offre un panorama de diversité naturelle que vos yeux ne se lasseront pas d’admirer.

Entre igname pilée et sauce relevée





Comme à chaque fois que l’on franchit une frontière, que ce soit celle d’un pays, d’un continent, mais même d’une région ; les spécialités changent. Et ces spécialités comprennent la nourriture, la façon de cuisiner, et même la façon de manger.


Le Bénin est un des pays africains les plus pauvres, on peut s’attendre à perdre quelques kilos si on y séjourne un moment. Et bien pas du tout, au Bénin nous mangeons à notre faim, et plus encore, et excellemment bien ! Peu importe le plat, qu’il s’agisse de simples pâtes ou de riz, vous vous régalerez forcément car ces mets sont toujours accompagnés de sauces relevées, de petites épices provenant de part et d’autre du continent africain, donnant un goût différent aux plats selon l’endroit où vous décidez de vous arrêter pour manger. Les « mamas » béninoises sont des as de la cuisine. Certes les plats et les sauces contiennent une bonne quantité d’huile, mais vous ne serez jamais déçu de ce que vous mangerez. La spécialité béninoise, ainsi que celle de plusieurs pays africain, sont les pates. Non pas les pâtes que nous connaissons comme les spaghettis, mais plus des pates ressemblant à de la purée, en plus compact. Ces pates sont faites à partir de plusieurs ingrédients, certaines sont des pates de riz, d’autres de maïs, ou encore d’igname. L’igname est un tubercule, ressemblant quelque peu à une pomme de terre. Elle est pilée par les femmes dans des gros récipients en bois. Le terme « piler » l’igname, signifie l’écraser à grand coup de manche en bois. Une fois prête, cette pate est accompagnée d’une sauce d’arachide délicieuse, mijotée avec de la viande de mouton. Il s’agit de la meilleure spécialité que j’ai goûtée pendant mon séjour au Bénin. Toutes ces pates se mangent à la main, et nous mangeons souvent tous dans la même grande assiette. Le principe est simple, prendre un morceau de pate avec les doigts, le tremper dans la sauce d’à côté, et le manger ! Le partage au Bénin, se retrouve jusque dans les assiettes.